Gustave Courbet (1819–1877), peintre et chasseur, est connu pour ses nombreuses scènes de chasse. Bien que ce sujet n’occupe pas une place en tant que telle dans la hiérarchie des genres, il a acquis son autonomie au XVIIe siècle. Notre propos n’est pas ici de chercher à savoir si Courbet avait conscience de cette tradition, mais de comprendre les idéologies qui entouraient la pratique cynégétique à son époque. Dans ce cadre, nous étudierons certaines œuvres comme son premier tableau de chasse, La Curée, chasse au chevreuil dans les forêts du Grand Jura, présenté au Salon de 1857.
La chasse a toujours été un symbole social: alors que cette pratique était réservée aux nobles, elle fût autorisée aux bourgeois à partir de la Révolution, tandis qu’une loi de 1844 limita celle des moins fortunés. Le braconnage devint un point de litige entre le gouvernement et le peuple, et les républicains firent l’éloge de la chasse illégale. Il est fort possible que Courbet, un fervent républicain, souhaitât s’engager dans cett lutte.
Après avoir mis au clair la situation sociale et politique de la chasse, nous souhaitons définir avec précision le sens et la place de La Curée dans les œuvres de Courbet, en analysant son manuscrit «Note sur la chasse ». Un autre de ses tableaux, Après la chasse, peut être mis en opposition à La Curée, car il serait l’expression de l’antagonisme moral entre la ville et la province. Pour terminer, nous nous interrogerons sur la structure du tableau, autrement dit, la question de l’absence de hiérarchie picturale, un point qui a posé problème aux contemporains de Courbet, bien plus que son sujet ou son iconographie.
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