Bien connu, l'Éthique de Spinoza, vierge de toute introduction ou préliminaire, commence directement par les huit définitions. Il est donc assurément inévitable d'examiner avant tout leur statut et leur fonction pour comprendre l'Éthique dans sa totalité.
Dans une lettre (Ep9), Spinoza distingue nettement deux sortes de définitions, c'est-à-dire celle qui explique une chose comme elle est hors de l'intellect, et alors doit être vraie, de celle qui ne vise à aucun objet déjà existant, mais explique une chose en tant que celle-ci est conçue ou peut être conçue par nous. Le contexte de cette lettre montre que c'est exactement cette dernière sorte de définition que Spinoza lui-même prend pour la sienne. De cette définition en outre, Spinoza déclare qu'elle n'exige pas d'être conçue sous la raison du vrai. Donc nous devons examiner comment le système de l'Éthique, en partant des définitions qui comme telles ne concernent pas le vrai, accède à la vérité.
Notre article présente une interprétation sur la fonction de la définition comme suit: tout en éliminant d'autres significations possibles, elle détermine de manière univoque un concept du défini et puis, par l'intermédiaire des démonstrations fondées sur elle, l'essence de la chose définie se trouve établie peu à peu et aussi à nouveau. La vérité de tout argument de l'Éthique à son tour se trouve affirmée par la démonstration de l'existence de la substance comme son essence. Car, étant le champ exhaustif de l'existence, la substance ainsi démontrée construit le siège de la vérité qui est l'existence éternelle de la substance elle-même. Par là même les arguments de l'Éthique sont non seulement logiques et par conséquent internes à l'entendement, mais touchent à l'existence hors de lui et ainsi se trouve établi leur fondement ontologique.
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