Les considérations lévinassiennes sur la relation de corps à esprit sont cristalliséespar des concepts comme ceux de substitution et diachronie dans lesquelles il tente dechercher la trace où le corps sort de son état de matière: c’est lorsqu’on souffrephysiquement que le corps est susceptible de germination de l’âme à cause de sonimmédiateté qui est une caractéristique de la douleur aiguë. Cette souffranceinsupportable qui concerne uniquement son propre corps se mue en chagrin face à lasouffrance d’autrui quand la personne qui souffre physiquement est affectée par le visagede son partenaire sur lequel règne la même immédiateté sans recours.　Dans l’Ancien Testament, les prophètes incarnent précisément ce saut du physique aumoral en raison de la vision par laquelle on considère un corps malade comme une âmecompassionnelle. Lévinas, dont la grande oeuvre porte sur le commentaire du Talmudaussi bien que sur les écrits philosophiques, fait fréquemment mention du prophétismequi est, d’après ce qu’il dit“ le psychisme même de l’âme”. Cela veut dire que l’onpourrait saisir la clef de la pensée lévinassienne en suivant les descriptions physiquesdes prophetès, qui sont généralement accompagnées de divers états mentaux commeceux de l’esprit, de l’âme et des entrailles.