L'evasion de l'etre, c'est le motif originel de la pensee de Levinas. Dans ses premiers ecrits, il poursuit d'abord de s'echapper de l'il y a en se posant comme un sujet et ensuite le salut par l'autre pour s'echapper de la materialite ; l'encombrement de moi par moi-meme. Il arrive enfin, dans la Totalite et infini, a affirmer le primat de l'ethique par rapport a l'ontologie. Mais comment est-il possible de separer l'ethique de l'ontologie? Dans cet article nous avons examine ce point en parcourant son itineraire jusqu'a l'Autrement qu'etre. Ce qui a rendu possible cette separation, c'est, en un mot, la decouverte de la dia-chronie transcendante incluse dans la responsabilite pour les autres. Levinas en deduit la notion de l'autrement qu'etre qui constitue la signification, la subjectivite et l'ethique. Cette introduction de nouvelle notion non-ontologique inverse le sens de l'evasion de l'etre. La notion de la dia-chronie bloque la voie du salut dans la direction de l'avenir. Parce que, dans la responsabilite qui m'impose par autrui, l'autrui n'est plus mon salut mais mon obsession. Il s'ensuit que le sens de la materialite change de l'encombrement par moi-meme a celui par l'autre. Il s'ensuit de plus une transformation de la notion de i'il y a : de l'idee de l'etre en general a l'idee de "tout le poids que pese l'alterite." Ma responsabilite pour les autres est irrecusable. Donc, il n'y aurait plus question de s'evader d'etre. Il faut plutot reprendre le plan ontologique a partir de celui de l'ethique.
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