Si, d'une part les praedicamenta sont chez Aristote les dix categories qui constituent l'essence des existants, c'est-a-dire le mode d'etre qui determine ce que sont les choses en elles-memes et d'autre part les praedicabilia sont definis a l'origine par celui-la comme le mode de parler, de savoir, et apres succedes par les scolastiques a travers la modification de Porphyrie, alors quel rapport doit-on poser entre eux qui paraissent independants les uns des autres? La connaissance intellectuelle signifie qu'on connait l'objet en tant que la chose elle-meme, selon ce qu'elle est, c'est-a-dire selon son essence. Le primier processus de la connaissance s'appelle la conception, ou se produit dans la conscience le concept objectif qui correspond a l'essence de la chose existant en dehors de la conscience subjective. Le concept est objectif, car son contenu est determine et constitue par l'essence des choses, c'est-a-dire par les praedicamenta. Or, la division des concepts memes s'appelle praedicabilia, car la fonction conceptionnelle consiste a savoir les choses et a parler a propos d'elles. D'ou se conclut que les praedicabilia sont les praedicamenta concus. L'action conceptionnelle de la conscience se nomme l'intentio prima qui tend directement aux objects existant et se concoit immediatement leur essence, tandis qu'une conscience qui retourne reflexivement a ces produits conceptionnels est nommee l'intentio secunda. Dans celle-ci s'opere le jugement en distribuant librement les elements conceptionnels (combinaison affirmative, separation negative) pour le sujet et pour le predicat. Et on trouve que les praedicabilia qui ont ete en soi dans l'intentio prima, deviennent pour soi dans l'intentio secunda et y servent de nouveau des principes logiques regulatifs de la connaissance discursive et constitutive. La verite d'un concept doit consister en soi toujours et necessairement, parcequ'il existe l'identite de la chose et de l'intellect dans la conception, tandis que celle d'un jugement ne doit etre constatee que par la preave experimentale, parceque le contenu du jugement est un produit constitutif et hypothetique a propos de l'objet. S'il est prouve au fait qu'un jugement est vrai, il pourra etre reconnu valablement pour nous que la connaissance elementaire conceptionnelle dont il est derive a ete vrai, ce qui justifiera critiquement que les praedicabilia ont ete determines par les praedicamenta, c'est-a-dire par l'essence des choses existant.
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