La question du goût a souvent fait l'objet d'une réflexion esthétique sousl'Ancien Régime. Les fréquentes tentatives pour définir cette notion suggèrel'attachement et les intérêts qu'elle inspire au milieu littéraire. En effet, si l'onouvre le dictionnaire de Littré, on trouvera à l'article «goût» tous les grandsnoms de l'époque : La Harpe, Diderot, Rousseau et les autres. Parmi lesécrivains qui s'attachent à définir ce mot, l'un d'entre eux, Montesquieu apréparé un long brouillon pour l'Encyclopédie, qui fut publié ailleurs, intituléEssai sur te goût. Il s'agira d'un ouvrage à part, puisque la version finale del'article sera rédigée par Voltaire.Nous n'avons ici aucunement l'intention de dresser un historique exhaustifde la notion. En regroupant de nombreuses citations sur le sujet, l'article duDictionnaire européen des Lumières en a bien évolué les enjeux majeurs endisant que «la réflexion critique sur te goût est surabondante, ce qui témoignede son poids culturel dans l'appréciation esthétique». Nous tâcherons ici plushumblement de défendre une idée, répandue dans la période de noire étude,affirmant que le goût est une qualité dont la perfection dépend des efforts desindividus car elle doit essentiellement à une solide formation littéraire dans lecadre de l'enseignement rhétorique effectué principalement au collège. Si tegoût est un terme qui marque une particularité de l'âge des Lumières, c'est quetandis que la capacité de maîtriser l'écriture est censée comme un don innésupposant l'intervention de la divinité au siècle dernier, elle commence às'expliquer - au moins une partie - sans avoir recours à l'explicationthéologique. Afin de mieux cerner la problématique, il sera judicieux decommencer par présenter l'évolution chronologique et la dimensionparadigmatique du terme en nous référant aux définitions données dans lesoeuvres critiques et dans les périodiques de cette période.
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