«Le bon théâtre ne peut être que celui où c'est te spectateur lui-même quifait te spectacle», dit Roland Barthes. Centre la prétendue passivité duspectateur, Barthes souligne son rôle actif et son importance majeure. L'oeuvreen effet ne trouve son achèvement que dans sa réception par le public. C'estBaudelaire qui a le premier signalé la force collective de la foule. Mallarmé,héritant de cette conception, s'interroge sur te rôle du public dans ses textes surle théâtre. Ses réflexions apportent de nombreuses ressources à Claudel, jeunehomme étouffé par la société matérialiste de la fin du XIX ème siècle. Certes,par sa foi catholique, sa carrière diplomatique, on son choix du genre théâtral,Claudel se distingue du maître des Mardis. Mais les leçons de Mallarmé necessent de nourrir son regard, même au-delà des mers.A la fois dramaturge et spectateur assidu du théâtre oriental, commentClaudel considère-t-il le public ? En quoi consiste son rôle ? Quel est chez luil'héritage mallarméen ? Quels sont au contraire les aspects originaux de laconception claudélienne, notamment ceux stimulés par sa rencontre avec lethéâtre oriental ? Pour aborder ces questions, il est intéressant de considérerd'abord l'intérêt de Mallarmé pour le public et son influence sur les premièresidées de Claudel, avant d'étudier la conception claudélienne du public à travelsle regard que le poète porte sur le théâtre oriental.
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